Tout avait pourtant bien commencé ce matin… 6h00, mon réveil
sonne. Tout replier et tout faire rentrer dans mon sac à dos, petit-déjeuner express thé et yaourts… L’affaire est dans le sac et en moins d’une heure, je démarre… Ca commence « bien », me
dis-je, une heure de marche sur le macadam… C’est décidé, cette année, je ne m’interdis pas l’auto-stop sur les routes et autres « carreteras »… A peine
mon doigt levé, une voiture s’arrête. Je lui explique qu’il peut me déposer à 4 km d’ici mais le gars, un randonneur, est un fin connaisseur de la montagne...Il me propose de me déposer plus loin, au pied du Refuge Ull De Ter, plus approprié selon lui. Je n’hésite pas longtemps, ce sera toujours cela
de macadam en moins à ingurgiter. C’est ainsi que je gagne deux heures en moins de 10 minutes. Avant de se quitter, il m’explique qu’une variante du GR 11 démarre de Nuria en direction du Refuge
Corral Blanc en passant par la Collada de Fontalba, ce qui permet d’éviter de redescendre très bas dans la vallée, à Queralbs. C’est noté ! Comme j’ai le temps à présent, je me prends un café au refuge avant de démarrer pour une longue… longue… montée de plus
d’une heure jusqu’au Col de la Marrana pour mieux redescendre et remonter ensuite au Col de Tirapitz où le GR suit
les crêtes. Ici, pour la première fois depuis mon départ, c’est la montagne à du 200 à l’heure.Plus rien à
voir avec les paysages méditerranéens des jours précédents, ni même avec ceux de la veille traversés sous la pluie et qui affichaient déjà un caractère montagnard.De la crête, superbes vues sur mes premiers lacs alpins
encore bordés de névés (Estany negre, Estany blan). Sur les crêtes, les accenteurs alpins, pipits spioncelles, traquets motteux… accompagnent mes
pas.
Dans la descente vers le Val de Nuria, je croise un jeune couple espagnol accompagné de deux enfants qui m’interpellent avec un grand sourire. Haces el GR 11 ? Si ! Ils m’expliquent alors, avec un brin de nostalgie, qu’eux aussi ils ont parcouru, par tronçons, le GR 11 dans le passé. Pero ahora, con los ninos, no es possible ! Je poursuis mon chemin et une odeur de viande grillée me mène au temple de la consommation du Val de Nuria où il y a foule
en ce samedi après-midi.
C’est ici qu’il me faut décider.
Soit tenter le raccourci qui m’a été renseigné ce matin… mais sans carte et donc dans l’inconnu. Soit descendre à Queralbs, à pied… ou en train crémaillère
comme me l’ont suggéré Patrick et Michel, quelques jours auparavant.
Il y a des jours comme cela… Je ne sais ni pourquoi ni comment mais finalement je me retrouve, ticket en main, dans la crémaillère qui descend vers Queralbs. Et au village, je déchante en
découvrant un panneau illustrant très bien le raccourci dont m’avait parlé le randonneur espagnol ce matin. M… pourquoi n’y avait-il pas un tel panneau à Nuria ? Et je prends conscience à présent
du dénivelé qu’il va falloir remonter. Que cela serve de leçon...Mais mes mésaventures ne s’arrêtent pas là… Deux heures de marche plus tard, étant inattentif, je perds les marques du GR et, au lieu
de rebrousser chemin, je persévère et me retrouve sur un sentier des vaches qui, après une demi-heure d’errance, me mène face à un précipice. Je fais demi-tour en maugréant, et las de ma mauvaise
décision et de ma mésaventure, je décide d’en rester là et de planter ma tente à côté d’une grange, à quelques pas de la Fontaine del Plaus.
Dans cette histoire, deux points positifs toutefois : (1) je retrouve la housse de pluie de mon sac à dos que j’avais
perdu sans m’en rendre compte et (2) je ferai finalement deux étapes plus courtes demain et après-demain ; ainsi j’arriverai sans devoir me presser le surlendemain midi à Puigcerdá – et non
demain en me pressant - où je pourrai faire une pause l’après-midi. Et finalement, je suis aussi plus cool, ce soir, à côté de ma grange et de ma source, face à une très belle vallée… En
définitive, lorsque j’y réfléchis, la journée se termine plutôt bien… et, en prime, en dégustant une boite de chipirones rellenos.
Bon à savoir : Une variante du GR 11 ((GR 11-8) démarre de Nuria en direction du
Refuge Corral Blanc en passant par la Collada de Fontalba, ce qui permet d’éviter de redescendre très bas dans la vallée, à Queralbs. Ci-dessous la carte photographiée par Patrice Legoff (grand
merci à lui).
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