
Cette nuit fut plus calme, moins
bruyante que la précédente, veille d'une journée de labeur oblige pour les actifs de la vie et de
Séville. Un
léger mal de crane me tiendra
tête toute la nuit mais le
café du matin et un cachet
analgésique viendront vite
rétablir la situation. Le petit
déjeuner est toujours aussi
médiocre et je n'arrive plus à ingurgiter la confiture qui est
définitivement cataloguée parmi les
infâmes. Je me rabats sur la seule valeur sure qui soit pour donner un peu de
goût à ce repas
matinal, un morceau de chocolat Côte
d'Or que je tire de mon sac à dos.
9h30, je me mets en route. Point de départ, km 0, la Cathédrale, non sans avoir immortalisé ce moment par une photo où je pose fièrement avec mon Credential. Plus que 1000 km à parcourir ! Aujourd'hui 22 km m'attendent, soit 6 heures de marche. En réalité, j'en ferai un peu plus car malgré les 2 guides itinéraires que j'ai emportés, j'arrive encore à me perdre à plusieurs
reprises. Voilà ce qui arrive à ceux qui ont un mauvais sens de l'orientation... mais surtout qui veulent avancer trop vite. Pourtant rien ne me pousse à tracer, l'étape d'aujourd'hui est courte et sans grande difficulté.
A la sortie de Seville, je décide de prendre l'itinéraire vers Santiponce et ainsi
d'éviter le village de Camas
qui, de loin, ne m'inspire pas avec sa Nationale qui le borde et son zoning industriel à traverser. Je retrouve l'Espagne d'antan, crasseuse et poussiéreuse, avec ses innombrables
immondices le long des routes. De ci de là, une bouscarle, une cisticole ou un cochevis huppé qui égrènent leur chant ou leur cri dans ce décor aride...

12h30, j'arrive à hauteur de
grands eucalyptus
après avoir traversé
Santiponce. Au-delà
des eucalyptus, c'est un long chemin de plus de 8 km sans l'ombre d'un arbre qui m'attend dans les campagnes. Aussi je
décide de
pique-niquer un peu à
l'écart du
Camino et à l'abri du soleil qui affiche une T de 28C dans un ciel uniforme sans l'ombre
d'un nuage.
J'aperçois un randonneur d'une soixantaine
d'années qui
marche d'un bon pas. Il me
dépasse mais ne
m'aperçoit
pas. De dos, je distingue son matelas mousse de couleur jaune qui ne
passe pas
inaperçu et se voit de loin, telle une balise du chemin de
Saint-Jacques. Je le rejoindrai plus tard au centre du village de
Guillena.
Hans, c'est son
prénom, un canadien de 63 ans, heureux retraité qui ne se prive pas pour voyager.
Après avoir
parcouru El Camino Frances l'an dernier et en être revenu enchanté il a
décide de remettre le couvert cette
année avec la Via de la
Plata. Impliqué activement dans le Rotary club International, son objectif est de récolter, à travers sa marche, 50.000 dollars pour lutter contre la
Polio.
> Découvrez son
site internet.

En attendant, je suis
"
Hans, la balise" qui me devance de plus de 500
mètres dans
les plaines arides
d'Andalousie. Plat, tout plat sur
près
de 10 km... avec seulement quelques traquets migrateurs pour compagnon de route. Parfois, un champ de coton arbore ses
flocons
immaculés et
saintillants sur ces terres
brûlées...
J'ai chaud dans mes grosses bottines de marche et mes pieds souffrent
déjà en bas
régime. Je crains pour la suite mais comme souvent, il faut attendre au moins 3 jours de marche pour avoir un verdict correct sur la situation.
Il y a déjà deux personnes au gîte. Le temps de prendre
une douche et Hans m'invite à boire quelques bières dans le
village. Mon anglais, très approximatif au début
revient très lentement à la surface. Il faut dire que depuis 3 jours j'essaie de penser en espagnol et que les mots se
mélangent... Peu après nous rejoint un couple de
hollandais de Maastricht, Marcel et Tryny qui marchent sur le Camino durant 2 semaines. Le logement se trouve dans le
stade sportif communal où les jeunes du village se retrouvent le soir pour jouer qui du foot, qui du tennis ou du basket. Une soirée sportive simple, mieux qu'à la télé avec en prime un vent agréable qui souffle sur le stade...
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