16 heures... j'arrive à
Almaden de la Plata après près de 30 km et 8 heures de marche épuisante aujourd'hui.
Épuisante car la
première partie du trajet longe 16 km de route sur la Nationale.
Épuisante aussi car mes chaussures, pas suffisamment
étrennées avant le départ me font toujours mal aux pieds. J'envisage, pour tout vous dire, de me faire rapatrier mes vieilles
Boreal que je pensais réformées à jamais après des semaines de bons services rendus en montagne cet
été.

18, 17, 16, 15... c'est, pour
seul souvenir de cette matinée, le décompte de la quinzaine de bornes parcourues le long de cette interminable nationale... Un peu plus de 3 heures après avoir quitté
Castilblanco, sur la droite se profile l'entrée du
Parc forestal El Berrocal. On quitte
enfin le bitume pour marcher à l'ombre des chênes de la
Dehesa du
Parc naturel
El Norte
dont la protection a été financée par
l'Europe. J'y suis accueilli par quelques vautours fauves qui survolent les collines. Encore
13 km à parcourir avant
d'atteindre Aldamen de la Plata. Des
chênes liège à perte de vue...

Peu après la maison forestière,
j'aperçois 3 biches puis une harde d'une trentaine de biches, bichettes et cerfs qui détallent en
m'apercevant. Et, oh surprise, un
cerf qui brame ! Je le vois, c'est un 10 cors
qui braille comme une vache, à moins de 150 mètres de moi. Je ne bouge plus, je l'observe ainsi à loisirs pendant quelques minutes. Il se couche sous les chênes et continue à pousser des coups de
gueule, mais sans beaucoup de conviction, me
semble-t-il. Je poursuis mon chemin, il ne peut pas ne pas me voir mais il ne prête
aucune attention à ma présence. Il est comme ailleurs... D'autres cerfs brameront encore plus loin, aux abords du lac que
j'atteins peu après mais ici encore des vaches feraient tout aussi bien en meuglant ! Spectacle surprenant tout de même de voir cette espèce bramer dans la
Dehesa...

Je décide de m'arrêter au lac
qui se profile en contrebas du
Camino. L'endroit est agréable : vent frais mais surtout des tables de pique-nique à l'ombre des
pins. J'y déjeune et en profite pour y reposer mes pieds...
Peu après, le spectacle de la nature continue avec côte à côte un groupe de
vautours fauves à la robe chamois et grise contrastée et un
vautour moine à la chasuble sombre, noire. Et le bal des vautours est loin d'être terminé. Quelques centaines de mètres plus loin, un chemin grimpe vers la droite sur
des coteaux où j'entends des cris de volatiles, comme dans une basse-cour. Je pose mon sac à dos et m'approche... Plusieurs dizaines de vautours fauves y sont concentrés et jacassent. Ils sont
tellement
agglutinés les uns aux autres que la pression les pousse à se donner des coups d'ailes et de becs. Ils sont
probablement en train de nettoyer un cadavre... Le spectacle est saisissant. J'aimerais me rapprocher
encore mais je sais qu'à une
distance moindre tout ce petit monde risque de
s'envoler. Je reviens donc sur mes pas et continue le
Camino. Je suis maintenant pressé d'arriver au village et de retirer mes chaussures qui me font toujours autant mal aux panards. Lorsque
j'arrive à l'auberge des
Pèlerins, je me jette sous la douche... Je souffle enfin !
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