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Sortie matinale de Bilbao
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Une semaine, 7 jours déjà que je marche et progressivement je me sens rentrer dans le rythme du chemin imprimé par la répétition, jour après jour, de moments simples : marcher, manger,
dormir.
Départ 7h00,
desayuno 7h30, redépart 8h00, arrivée 13h... Il est tôt ! C'est que l'étape est courte, une vingtaine de km seulement. La sortie de Bilbao qu'on m'avait dépeinte comme
un calvaire ne m'a pas parue particulièrement éprouvante ou moche. Certes, les paysages industriels ne me font pas rêver mais pour rien au monde, je ne prendrai le métro qui mène au pied
de l'auberge de Portugalete ! Ce qui n'est pas le cas de tous...
La météo ne s'est pas trompée cette fois-ci : PLUIE toute la matinée ! De nouvelles têtes apparaissent, comme ce un jeune couple de sympathiques irlandais : Tara et Bart.
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A ne pas manquer : les pitxos du bar Viuda de Baldo à Sestao
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En chemin, une heure avant
Portugalete, avec Maria-José et Sergio, nous nous réfugions dans le bar
Viuda de Baldo à Sestao où les
pintxos nous font, l'un plus que l'autre, de l'oeil. Le Bacalao à la sauce "pil-pil" est un régal, je ne vous dit que cela ! Pas surprenant que les restaurateurs aient gagné plusieurs
prix au concours des meilleurs pintxos, dont le
3er premio VI concurso de pintxos de Sestao !
Nous sympathisons avec Carlos, un habitué des lieux, et Monika, la jeune serveuse, et en apprenons un peu plus sur les coutumes et l'histoire locale. Savez-vous pourquoi le bacalao à la
sauce pil-pil est-il si caractéristique dans la région ?
> Explications de Carlos (MP3, en espagnol) :
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Portugalete
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Portugalete a, je trouve, un charme tout particulier avec son pont suspendu (
puente colgante), classé
patrimoine mondial, et ici aussi, les pintxos du patrimoine basque sont plus originaux les uns que les autres. Je retrouve David devant l'auberge mais en bon 29ème sur la liste, il est
"hors-jeu" pour obtenir un lit... Ce qui n'est pas le cas de quelques "tourigrinos" fringuants dans leurs vêtements qui sentent le propre et qui volent ainsi les places des
peregrinos verdaderos ayant bouclé l'étape à la sueur de leur front. Citons par exemple, ce couple de français ayant pris -exceptionnellement- le métro pour se refaire une santé ou
ce jeune couple d'israéliens accompagné d'un bébé et chargé d'une poussette et de moult affaires. Jésus n'a-t-il pas dit que les "derniers seront les premiers" (à moins que ce ne soit
l'inverse), précepte qu'ils appliquent à la lettre, vérification est faite ici !
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La file devant l'auberge de Portugalete...
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Ces
tourigrinos sans complexe se déplaçant au rythme des voitures ou des bus passent ainsi quelques jours de vacances à moindre frais. Les pèlerins
ayant mouillé leur chemise n'ont qu'à aller se faire pendre ailleurs après une journée de dure marche... Et que dire aussi de ces "bicigrinos" travestis en peregrinos...
pour éviter la règle tacite qui veut qu'un
peregrino a priorité sur un
bicigrino jusqu'à une certaine heure (18 ou 20h), un cycliste pouvant en effet facilement faire dix ou
quinze km de plus en quelques tours de pédalier pour trouver une autre auberge, à l'inverse du piéton... Bref, finalement on retrouve une série de travers auxquels on espérait échapper
ici sur ce chemin saint...
Que faire dans ce type de situation et peut-on les éviter, me direz-vous ? Dans tous les cas, il s'agit, selon moi, de ne pas occulter le problème et de manifester sa désapprobation
à l'hospitalero qui accueille les pèlerins à l'auberge. Il a en effet la responsabilité de gérer ce type de situation voire de trouver des solutions, comme au moins accepter que
les pèlerins excédentaires puissent coucher sur un matelas au sol et au sec. Mais force est de constater que dans plusieurs auberges ces personnes excédentaires sont
refoulées... Dans le cas présent, finalement à force de persuasion, David pourra coucher par terre... Pas de chance pour lui, le matelas pneumatique fourni par la maison présente une
fuite qu'il découvrira quelques heures plus tard. Une nuit d'enfer...
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Portugalete
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Mais les mauvaises surprises ont des limites et une fois de plus pour voyager serein, nous préférerons finalement réserver une pension pour le lendemain à
Castro-Urdiales
(Pension la Marina, chambre de quatre, 15€ / pers.). L'Albergue publique ne présente en effet que 18 places alors qu'on peut estimer à une quarantaine, le nombre de personnes qui
cheminent quotidiennement... Alors, finalement, pour répondre à la question lancinante de la 'concurrence' que je me pose depuis une semaine, je me dis ceci : dans ce genre de
situation, autant réserver à quelques-uns une chambre dans l'une des nombreuses pensions de la ville à un prix supérieur mais raisonnable et laisser les places de l'Albergue publique à
ceux qui, soit veulent jouer le jeu de la concurrence, soit auront la chance de bénéficier d'une des places que nous aurions pu prendre en marchant vite. Cela n'élude pas le problème de
base du manque d'hébergements publics qui se pose sur ce Camino mais cela permet à chacun de trouver un équilibre... La question reste ouverte...
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