Aujourd’hui pour ne pas me faire prendre par les orages, je décide de partir encore plus tôt : 6h30. La route monte du camping vers les portes de la Navarre qui annonce un tout nouveau visage, moins montagnard, plus collinéen : le Pays basque. Le ciel est nuageux et c’est tant mieux pour marcher, tant qu’il ne se décide pas à me tomber sur la tête. Du col où l’on culbute en Navarre, il faut grimper, une première fois dans une hêtraie où un chevreuil et, plus loin, une laie suivie par un petit marcassin s'enfuient à mon passage. Je reste sur mes gardes, sait-on jamais que le chemin retraverse son territoire. Après plus d’une heure, le sentier forestier se poursuit en terrain calcaire par une sente raide et caillouteuse. De l’organique (vieille hêtraie climacique) au minéral (roche nue), la transition est nette, sans appel. 


Péniblement, je grimpe sur l’arrête arrondie du Pic d’Ezkaurre (2047 m) et me fait dépasser par une jeune espagnole qui fait un aller-retour en trail. Je ne suis pas encore arrivé au sommet qu’elle me dépasse à nouveau dans l’autre sens. Facile sans un sac de 18 kg sur le dos ! ;-) Le sommet offre une vision minérale, austère... avec ses lapiazs. Je ne suis pas au bout de mes peines. M’attend une de ces descentes par un couloir d’éboulis et de lapiaz tranchants. Je progresse lentement, péniblement, et remercie le ciel de ne pas devoir faire ce tronçon sous la pluie, le calcaire étant particulièrement glissant par temps de pluie. 

Le lac d’Ezkaurre (1680 m), au pied du couloir... est en vérité seulement une grande mare. Et voilà la Navarre annoncée, avec de nouveaux paysages, des collines rebondies et verdoyantes. Dans le ciel, les vautours se font plus nombreux et j’observe mon premier Gypaète barbu. « Quebrantoahuesos », c’est son nom en espagnol qui signifie « qui brise les os », caractéristique de ce charognard proche des vautours qui laisse tomber de très haut des os sur des rochers pour les briser et en recueillir la moelle. La suite de la rando n’est qu’une balade reposante. En chemin, un espagnol, pensif, assis sur un vieux tronc me complimente pour mon départ matinal. « Al que madruga, Dios lo ayuda », me dit-il. L’équivalent de « La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt ». 

Isaba
, 13h00. 
Le GR passe par le village et aboutit à une fontaine vivifiante avant d’atteindre la route principale. Il y a affluence sur  la petite place en face du bar. C’est bon signe et la cerveza, les tapas, et la clara sont tour à tour absorbés ! Je fais le tour du village, admirable mais mort en ce dimanche après-midi. Trop calme ! Je ne me vois pas y passer l’après-midi. Je décide de continuer sans trop savoir où je pourrai m’arrêter. Si possible là où un terrain plat et un point d’eau m’attendent.

De l’eau, il y en aura en abondance avant de grimper au sanctuaire d’Odoya – ou Idoia – mais pas de terrain plat. Et l’inverse au sanctuaire où malheureusement le camping est formellement interdit. Je suis condamné à poursuivre... Le chemin grimpe, je sue, j’ai soif et l’orage au loin semble se rapprocher. Je me sens en mauvaise posture car je manque à présent d’eau et sur ces terrains pentus, impossible de planter une tente. Pas le choix, je dois poursuivre, encore... Un ruisseau forestier, j’y fais le plein d’eau. La source ne doit pas être loin mais je suis prudent en y ajoutant une pastille désinfectante.  J’accélère le pas car le ronflement de l’orage se fait plus présent tandis que le vent se lève. Croisée de plusieurs GR au milieu de la forêt... et quelques m² de terrain plat. Ni une, ni deux, pas envie que l’orage me tombe dessus, je plante ma tente ! Et à peine est-elle montée que le ciel déverse pluie, grêle...  pendant plusieurs dizaines de minutes. J’ai été bien inspiré.


Bon à savoir : le topo-guide mentionne un balisage médiocre en Navarre. Depuis 2009, celui-ci a été entièrement refait et de nouveaux tronçons ont été créés dans cette région entre Zuriza et Irun. Le topo-guide n’est donc plus que très partiellement utile pour ce tronçon et les suivants.  Le nouveau balisage est très bon à excellent jusqu’à Irun. Vous pouvez toutefois télécharger, pour vous guider, un topo-guide (espagnol) et des cartes de ces nouveaux tronçons sur le site de la Federación Navarra de Deportes de Montaña y Escalada (PDF).

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