Il y a des chemins qui se croisent et se séparent… Buen camino, Alain, pour la suite ! Mon plan, ce matin, est de rejoindre en stop ou en transports en commun (Bus de la Compagnie ANSA - voir "Bon à savoir" en bas de page) le village de Fos en France et ensuite de parcourir à pied une étape du GR 10 jusqu’à Luchon où je prendrai le lendemain un train de nuit jusque Paris. Ce soir, je voudrais atteindre la Cabane de Saunères située à trois heures de Luchon. Je connais ce lieu pour y avoir terminé en juillet dernier un périple de trois semaines de rando sur le GR 10.

Mais auparavant, il me faut traverser le tunnel de Vielha long de plusieurs kilomètres… Je me cherche des excuses pour ne pas m'y engouffrer : c'est bien trop de kilomètres pour une mise en jambe matinale mais surtout mon assurance rapatriement (que par ailleurs je n'ai pas souscrite, pauvre inconscient que je suis...) n'accepterait point de me rapatrier pour une action aussi risquée que téméraire qui, au mieux, m'affligerait d'un "bon cancer" du poumon... Ces deux arguments "implacables" feront l'affaire et je me retrouve vers 8h30 à faire du stop à l'entrée du tunnel. J’ai mis toutes les chances de mon côté pour être pris : je me suis mis sur mon 31 en abandonnant pour quelques heures mes oripeaux de SDF des montagnes…
Ce matin très peu de voitures empruntent cette route mais après une demi-heure d’attente, un espagnol m’embarque et me dépose à un arrêt de bus à Vielha. Une vieille dame qui attend m’affirme que le bus de 10h00 va jusqu’à la frontière. J’ai trois-quarts d’heure d’attente, juste le temps de me prendre un café au bar en face…

Pour 90 cents, le bus de 10h00 m’embarque mais son terminus est au village de Les d’où je fais encore du stop pour arriver à Fos en fin de matinée.
A la sortie de Fos (544 m), direction le GR 10 où je réenfile mes guenilles. Je n’ai pas de carte, pas de topoguide, je croise les doigts pour que le balisage soit correct… Parfois, je me dis que si je savais d’avance ce qui m’attendait, je ne me mettrais pas en route. C’est le cas aujourd’hui où le GR 10 grimpe durant des heures et des heures sans que je n’en aperçoive le bout.

Tous les étages de végétation se succèdent : hêtraie, conifères, prairies, landes à rhododendrons… Je retrouve l'ambiance du GR 10 par l'intermédiaire des fronts de brume qui m’avaient si bien accompagnés l’an dernier et que je n’ai quasiment pas retrouvés, cette année,
en Espagne sur le GR 11. On y voit à une vingtaine de mètres ce qui est juste suffisant pour distinguer les marques rouge et blanches du GR. Lorsque le rouge-gorge et le pinson des arbres font place au pipit spioncelle, je me dis que le sommet ne doit plus être très loin. Mais quand je crois l’atteindre, le chemin arrive à un replat avant de monter, encore et toujours… Des merles à plastron s’envolent à mon passage, je les distingue à peine, et ils sont rapidement avalés par le brouillard…

Le sommet, enfin, lorsque j’atteints la crête des cigalères (2093 m), après un dénivelé de près de 1500 mètres ! Par moment, des moutons apparaissent puis disparaissent dans la brume emportant avec eux le carillon de leur cloche… Le GR 10 suit ensuite longuement la crête - qui matérialise la frontière avec l’Espagne – avant de redescendre, finalement, vers la Cabane de Saunères, mon objectif du jour, qui se dévoile petit à petit dans le brouillard.

Deux jeunes français d’une vingtaine d’années – Stéphanie et Loïc - et un pensionné y ont élu domicile. Comme ce dernier, je préfère planter ma tente, malgré les risques d’orage. Je retrouve aussi la fontaine à 3 ou 4 minutes à pied de la cabane où je redécouvre le bonheur de l’eau après en avoir été rationné toute la journée. Entre-temps, 3 jeunes anglais d’une quinzaine d’années sont arrivés à la cabane. Venant de Benasques (Espagne), ils n’ont aucune carte, aucun topoguide et veulent rejoindre Fos. Il est 19h00. Nous les dissuadons de poursuivre ce soir alors que la brume recouvre les sommets, que la pluie risque à tout moment de tomber et qu’ici, ils ont toutes les facilités pour passer une nuit correcte (cabane, fontaine). La brume persistera toute la soirée, levant parfois un voile sur la vallée… Accompagné par le chant des grillons et des alouettes de champs, je complète mes notes. Demain, dernière journée en montagne…

Bon à savoir : Les horaires pour passer le tunnel peuvent être consultés sur le site de la compagnie ANSA > Itinéraires et horaires > Régionaux > CatalogneIl faut ensuite introduire "Tunel Vielha n" (nord) <> "Tunel Vielha s" (sud) - ou l'inverse - et le(s) date(s) d'aller (de retour) pour obtenir les horaires pour passer le tunnel. Sinon, autre possibilité, le stop !

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