J’ai eu du mal à trouver le sommeil cette nuit. Cette fois, je sens que ma présence en montagne touche à sa fin, mes pensées commençant déjà à être rapatriées au pays… La météo ne s’améliore pas et des orages éclatent au petit matin. Il doit être 5 ou 6 heures du matin lorsque la pluie et le vent se déchainent, emportant l’avant de ma tente mal arrimé. A moitié endormi, j’ai juste le temps d’attraper de l’intérieur les arceaux et de les maintenir tant bien que mal cloués au sol. 20 minutes se passent ainsi à me battre contre les éléments déchaînés avant que ceux-ci ne se calment et que je puisse sortir arrimer la tente. Dans l’aventure, de l’eau s’est infiltrée à l’intérieur mais j’ai réussi à limiter les dégâts et je me recouche.

Lorsque j’entends que s'activent les pensionnaires de la cabane, il doit être 8h00. Je sors la tête pour jauger le ciel. Il est très chargé et, au loin, l’orage s’annonce à nouveau. Ni une ni deux, je replie rapidement la tente. Ce temps incertain n’incite pas à l’action et je déjeune calmement dans la cabane. Les trois jeunes anglais partiront les premiers. Loïc et Stéphanie attendent comme moi une éclaircie pour descendre sur Luchon. Soudain apparait un randonneur tout habillé de noir. Vêtements propres, pas une tache de boue sur le pantalon, un écouteur collé à son oreille, un appareil photo numérique et probablement un portable accrochés aux bretelles de son sac à dos et je distingue aussi ce qui doit être un GPS sur le dos du sac. Il s’arrête à quelques mètres de nous nous dit à peine bonjour. Il retire son oreillette (peut-être est-il en contact avec une équipe technique le guidant dans sa grande expédition ?), regarde sa montre, sort un PDA et à l’aide de son crayon numérique y note quelque chose. Sitôt sa mission accomplie, il refait les mêmes gestes en sens inverse et se remet en route. A moins que ce ne soit l’extraterrestre du GR 10...?

Autour de 9h30, nous démarrons en prenant un raccourci qui évite le village d'Artigue. Arrivés à Sole, un nouveau front de pluie se pointe à l’horizon. On entend une voiture… On lève le pouce et la chance nous sourit en la présence d’un randonneur qui nous charge jusqu’à la gare. Il était moins une, la pluie s’abat à nouveau… A la gare, je quitterai finalement mes deux jeunes amis qui continueront à randonner de cabane en cabane dans la montagne et me remets sur mon 31 avant de rentrer dans Luchon.

Je retrouve cette ville avec son unique rue commerçante et son flot de touristes, consommateurs de souvenirs et de crèmes glacées… Mon train est à 21h36… Que c’est long une journée à Luchon !
L’heure de prendre mon train approche enfin et je récupère mon sac à dos placé en consigne dans un hôtel. En me dirigeant vers la gare, je retrouve le pensionné suédois croisé il y a une semaine à Val Ferrera. Après 10 jours de randonnée, il pue le bouc à faire fuir le berger ! Prétextant une température trop élevée dans son compartiment, je change de wagon dans le train qui nous mène à Toulouse… Les dieux sont avec moi car dans le train de nuit pour Paris nous ne partagerons pas le même compartiment !

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