Nuit calme et reposante sous la yourte pyrénéenne.... L’horizon est à nouveau bouché ce matin avec le trio infernal des trois B : brouillard, brume, bruine. Et un quatrième, omniprésent
toute cette journée, qui vient s’y coller : la boue, la bouillasse... qui se transforme en de nombreux endroits en bauge glissante par le travail des animaux, ânes et chevaux en tête, qui
défoncent les chemins, ralentissant ainsi la marche des GRdistes....
Comme en de nombreux endroits en Ariège, le sentier est ponctué de granges abandonnées, en ruines, reprises par la végétation forestière... alors qu’en des temps pas si anciens, les jasses
(pâturages) arrivaient certainement jusqu’à elles. Un signe que la forêt a repris du terrain au fil du temps comme le témoigne un article récent intitulé : "
Pyrénées : la forêt efface peu à peu les paysages formés par l'Homme".
Extrait : «
Les paysages sont en pleine recomposition. On voit les paysages agropastoraux traditionnels s'effacer progressivement avec la disparition de ces activités et le changement des
pratiques. Il reste des foyers d'activité intenses où les paysages sont plutôt stables avec des prairies fauchées, des estives broutées, des lisières marquées, comme en Béarn et Pays basque.
La partie la plus touchée est la zone intermédiaire où bois et fougères envahissent les anciennes prairies. Vers l'Est, en Ariège, on a vu une évolution incroyable en trente ans. L'abandon
agricole et pastoral fait que la forêt va du fond de la vallée aux estives. L'enfrichement va très vite s'il n'y a pas de bétail pour contrôler les afflux forestiers (bouleaux, frênes, etc.).
Mais partout, en raison de la diminution de la population et de changements de pratiques, la déprise et la reforestation gagnent. Même si le Béarn et le Pays basque conservent des paysages
jardinés, entretenus, fauchés, contenus grâce à l'activité agropastorale, ailleurs on va vers un paysage forestier qu'il sera difficile d'inverser ».
Avec cette purée de pois, mon esprit vagabonde vers des horizons plus intérieurs et mes pas foulent, par une mécanique maintenant bien rodée et huilée, les Cols de Fitté
(1387 m), Cols d’Escots (1618 m), Jasse de Fouillet (117 m)... L’auberge d’altitude est ouverte mais quand j’y arrive il est trop tôt pour m’y
restaurer. À une demi-heure près, Rémy, Guy et Noëlle auront plus de chance...
Après l’auberge, le GR traverse des forêts de vieux sapins où un bruissement d’ailes sourd me sort de mes pensées embrumées : une gélinotte, un grand tétras, qui sait ? … En tout
cas, probablement un vol de gallinacé. M’apercevant, un troupeau de brebis accourt des collines herbeuses, croyant peut-être trouver le berger à qui je dois furieusement ressembler avec mes
bâtons et ma cape de pluie dans le vent. Le temps est vraiment trop pourri et avec l’humidité qui me colle à la peau et le milieu hydroponique dans lequel baignent mes pieds, je n’ai plus
qu’une seule envie : arriver au plus tôt à
Aulus-les-Bains (pieds ;-) où je pourrai me reposer et me réapprovisionner.
La solution d’un raccourci s’offre en la présence du
GRP « Tour du Val Garbet » qui croise le GR10 et qui en 1 heure (au lieu de 3h30 par le GR10) mène à
Aulus-les-Bains (750 m). Il ne pleut plus lorsque j’arrive au village. Je rejoins illico le
camping où je me prends presque habillé une douche de ¾ d’heure, histoire de me réchauffer tout en me lavant et lavant les vêtements que je porte. Je retrouve
Rémy, Noëlle et Guy un peu plus tard. Rémy, le « Bernard Ollivier » du GR10, qui hier encore me disait «
Je ne louperai pas 1 cm du GR10... » n’aura pas
résisté à la “pression climatique” et à celle du groupe : il empruntera comme moi ce raccourci !
Le GR10, sinon rien... n’aura pas vécu longtemps ;-)
Bon à savoir :
● Un tronçon du GRP « Tour du Val Garbet » (qui croise le
GR10) à hauteur de la jasse du Fouillet permet d’atteindre Aulus-les-Bains en 1 heure (au lieu de 3h30 par le GR10). Bon plan en cas de mauvais temps ou pour raccourcir l’étape.
● Nombreux commerces à Aulus, pas de distributeur d’argent.
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