J-1... Aujourd'hui c'est une
étape d'environ 35 km qui m'attend. Il ne pleut pas et il fait même doux... Pour la première fois depuis l'entrée en
Galice je
marche en chemise. Le ciel est partagé entre le bleu et le gris... En chemin, un "pont romain", renseigné par des panneaux ! En fait, une arnaque à la réalité historique et à touristes ! En
Espagne, m'explique
Angel, beaucoup de ponts sont renseignés comme
romains mais les vrais ponts romains sont peu nombreux. Comment les reconnaître ? Leur assiette est plate et ils ont au moins 5 mètres de large. Ici le pont est arqué et a au plus 3 mètres de
large. Époque médiévale,
m'assure-t-il ! Pas moins intéressant pour autant !
Toute la journée, le gris bataillera ferme avec le bleu du ciel pour finalement vaincre et éructer son crachin devenu
quotidien. Depuis deux jours, à
plusieurs reprises, le
Camino passe au-dessus d'une autoroute et de son prolongement en
construction. Si le calme est encore acquis pour le moment, les pèlerins de la prochaine décennie n'auront plus qu'à se mettre des bouchons dans les oreilles ! A un jour de l'arrivée à
Santiago, mon avis est assez mitigé, non pas sur le "sens" du chemin et de ce qu'il apporte en rencontres, de mise en perspective ou
de remises en question, mais sur le nombre inconsidéré de routes, autoroutes qu'il faut longer et traverser, ce qui dénature à mon sens la qualité du Chemin.
En route, mon regard est attiré par des pommes posées sur le muret d'une
Finca. Je me dis
"
Tiens, ce n'est certainement pas le fruit du hasard... probablement le propriétaire qui propose des pommes au pèlerin". Quelques mètres plus loin, la maison avec un homme en train de travailler sur le toit.
-
Que tal peregrino, me
dit-il ?
-
Muy bien !
-
Quieres tomar un cafe ?
- Une fraction de seconde d'hésitation et je lui réponds :
¿Por qué no!
Il descend du toit, m'ouvre la grille métallique et m'invite à le suivre.
Andrea, un italien, la trentaine a parcouru la
Via de la Plata il y a deux ans et, en chemin, son attention a été attirée par cette
Finca... à vendre ! Deux ans plus tard, il s'y est installé avec sa fiancée.
Andrea m'explique avoir travaillé dans une
ONG de développement italienne qui
construisait des écoles en
Asie mais parfois,
constate-t-il amer,
les projets ne tournent à rien une fois les coopérants partis du pays. Aussi il a quitté son boulot pour venir s'installer ici au bord du
Camino. Il a pas mal bourlingué et maintenant il espère pouvoir voyager par procuration en rencontrant et invitant les pèlerins à
prendre un verre, manger ou dormir lorsqu'il aura terminé les travaux dans sa maison.
17h00, j'arrive à l'auberge.
Comme les précédentes
Albergues de la
Xunta, force est de constater que l'ingénieur ou l'architecte qui a réalisé les plans ou
les travaux n'a pas du dormir souvent dans des auberges et a du brosser les cours sur les interrupteurs électriques dont il ne semble pas connaître l'existence ! Par contre, il connait les
"senseurs de présence" qui allument les lumières d'une pièce par la simple présence d'une personne.
Génial, me
direz-vous ? Oui, sauf la nuit où il ne faut pas trop bouger dans son lit et où tout le monde peut profiter de l'éclairage généralisé dans la chambre au moindre pipi
nocturne de l'un ou l'autre ! "Génial", en effet...
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