Le rythme
s’installe... Lever et départ toujours aussi matinal. J’aime parcourir la ville et ses faubourgs à l’heure où la majorité des personnes sont encore endormies et que celle-ci n’est pas
encore envahie de voitures vrombissantes… 5 km après Pamplona, je m’arrête àCizur
Minoroù je me
prends mon indispensablecafe con
leche. Le soleil
se lève un peu plus tard derrière les montagnes, colorant d’orange les terres en l’espace de quelques minutes. Le ciel est couvert, plombé, ce qui accentue d’autant plus les contrastes
sur laSierra del
Perdon, ses
champs caillouteux et les éoliennes immaculées au loin. L’ornithologue se réveille en moi… De belles bandes d’oiseaux en migration me survolent : pinsons, alouettes, chardonnerets,
serins...
Le tam-tam
du Camino m’annonce, via Eduardo, qu’il y a eu cette nuit des vols à Cizur Minor : argent, portables, appareils photos… Des coréens trop confiants en ont fait les frais. Le chemin aussi a
ses moins bons côtés. Si l’ouverture aux autres est une qualité qui se révèle en chemin, une “saine méfiance” est toujours nécessaire. Le chemin n’est finalement pas différent du monde
“réel”, c’est juste un monde “parallèle”, le temps d’une parenthèse pédestre de 800 km. Ou plutôt “des mondes parallèles” où se croisent des personnes de tous horizons, de toutes origines
et de différents univers qui ne se croiseraient pas toujours “en temps normal”... Et parfois, le chemin nous fait faire de moins bonnes rencontres. Mais qu’on se le dise, des faits comme
celui-ci sont relativement rares sur leCamino.
Au sommet
de laSierra del
Perdon, on passe
d’un univers à un autre. Jusqu’il y a peu, l’ambiance pyrénéenne était encore prégnante mais après le sommet delAlto del
Perdonoù se
trouvent de monumentales sculptures métalliques, place à des paysages méditerranéens avec l’apparition des premiers amandiers et oliviers… Peu avant le sommet, la croix d’un pèlerin
belge, décédé ici à l’âge de 60 ans et qu’un de ses amis, Walter, croisé quelques jours auparavant, honore en faisant le chemin.
Encore une
belle journée, sans trop de routes ni de voitures, traversant de paisibles villages… Arrivée àPuente la
Reina, vers
13h00, après 24 km de marche. Connu pour son pont médiéval, sans plus semble-t-il… Mauvaise surprise à l’albergue
Santiago Apostol, mon
hébergement du soir, je découvre sur mon matelas trois punaises des lits de tailles différentes. Ces “daltons” ne m’auront pas, foi de pèlerin. Je change de paillasse non sans avoir
inspecté le matelas et éloigné le lit des murs pour éviter tout contact. Cette nuit, je coucherai sur une île imprenable !
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