6 octobre... 6 novembre, voilà un mois que je suis sur, et en chemin... L'étape, un peu plus de 33 km, impose un départ à l'aube pour accomplir les 8 ou 9 heures de marche. Je démarre d'un bon pas mais au fur et à mesure que j'avance, que les montées se profilent dans le brouillard matinal, mes pas se font plus lourds, plus lents... Un peu avant 11h00, j'arrive à Albergueria où l'arrêt s'impose au bar-refuge des pèlerins. Jean-Claude puis Angel m'y rejoignent ensuite pour un casse-croûte fromage - chorizo - vin - café - oruro... Le lieu est tenu par un personnage pour le moins original qui invite les pèlerins à laisser une trace écrite sur une coquille Saint-Jacques qu'il accroche ensuite au mur ou au plafond de son bar. Le dernier à y avoir laissé sa marque c'est mon ami Hans, 3 jours avant nous. Nous perpétuons également la tradition...

Je redémarre... Il fait froid et toujours humide... et j'entame maintenant une longue descente d'une vingtaine de km. Le ciel est gris et peu propice à prendre des photos de paysage... Je marche d'un pas lent, presque mécanique... Je sens la fatigue, mes pieds butent sur les pierres. Partout dans les villages traversés, on peut voir des horreos, ces greniers qui préservent le maïs et d'autres denrées, à l'abri des rongeurs. Ils reposent sur des piliers et des traverses plates qui empêchent ces derniers d'atteindre les fameuses provisions.

En chemin, une dame, une petite grosse, la septantaine au moins, m'adresse la parole avec sa bouche largement édentée et moustachue. Je ne sais pas si elle veut que je l'aide à pousser sa brouette vide ou si elle me propose gentillement de reprendre des forces en m'invitant à manger dans sa chaumière... Dans les deux cas, aujourd'hui je ne suis pas loquace car je suis épuisé et j'ai envie d'arriver au plus tôt à l'étape. Je préfère dire "No comprendo" plutôt que de demander de me réexpliquer calmement ce qu'elle veut me faire comprendre... Il y a des jours ainsi...

17h00, j'arrive à Xunquiera. Jean qui a pris un taxi pour cause à nouveau de rotule en berne y est déjà avec Adolfo, un jeune marcheur italien croisé depuis quelques jours. Deux nouveaux pèlerins ont rejoint le groupe aujourd'hui, Pilar et Alfredo, originaires de Jaca qui ont démarré leur chemin à Madrid. Ce sont des connaisseurs du Camino, des passionnés devrais-je dire ! Jean-Claude puis, plus tardivement Angel, ferment la marche. Il n'y a plus de resto dans le village et les bars ne servent pas à manger chaud. Qu'à cela ne tienne : pain et charcuterie ce soir... avec du très bon vin local, comme il se doit !

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