Le choix des gîtes est un coup de poker… Le Camino, ce n’est pas que le beau coté des choses. Comme dans la vie de tous les jours, vous y rencontrez des personnes qui peuvent vous pourrir la vie, ceux-là même que vous fuyiez habituellement. Peut-être que certains entreprennent aussi le camino, idéalisant celui-ci avec l’espoir de trouver une confraternité exemplaire… Mais après quelques jours, l’idéal du chemin retombe parfois comme un soufflé. Y a bien sûr les voleurs évoqués plus tôt dans ce blog, les ronfleurs qui vous donnent des envies meurtières mais contre lesquels les “tapones” (bouchons, boules quiezz) vous protégeront… mais y a aussi les “enfoirés”, les vrais, que j’ai décidé d’appeler les “chinches del Camino” (les punaises du chemin). Imaginez, il est 1h30 du matin, tout le monde dort… Non, un petit c… résiste au sommeil et décide de partager avec toute la chambrée son insomnie, ses raclements de poumons, ses pets tonitruants, ses bruits de pantoufles traînant sur le carrelage, les claquements de porte, la lumière de sa liseuse et de sa lampe de poche… Et ce c… ose encore me demander au petit-déjeuner si j’ai bien dormi… parce que lui, non…  Zen, restons zen… Après tout, le chemin n’est-il pas aussi une épreuve pour essayer d’aborder les problèmes différemment. Dans le cas présent, je n’y arriverai pas…  Pour éviter de croiser à nouveau de telles “chinches”, les prochains jours, je privilégierai des “demi-étapes”, en dehors des étapes classiques décrites dans les topo-guides que suivent la plupart des pèlerins.

Petit déjeuner à 6h30, servi par nos deux sympathiques hospitalieras. Je mets mon plan “anti chinches” en action : Départ à 7h00, direction Torres del Rio, 8 km après Los Arcos où devraient s’arrêter la majorité des pèlerins… et j’espère aussi les “chinches”.

Premier arrêt obligatoire, la “Fuente del vino” d’Irache, qui fait le “buzz” auprès des pèlerins et assure une belle promotion à la coopérative vinicole qui l’a installée. Le robinet d’eau coule à flots, mais celui dont on a rêvé, lui, coule gouttes à gouttes… Juste assez pour goûter et ainsi participer au folklore du chemin.

Peu après la coopérative, une variante plus courte propose d’aller tout droit indiquant ?? 7 km / Los Arcos 18 km et, à droite, la classique passant par Villamayor de Montjardin, très beau village. Je n’ai pas distingué la direction empruntée par Eduardo et Jean-Michel qui me devançaient de peu car j'enregistrais des bruants fous (des oiseaux) en train de s’égosiller dans les campagnes… Ma logique me fait dire qu’un raccourci ne peut-être que plus moche vu que sa nécessité première n’est pas d’être beau… mais bien d’être plus court. Logique implacable… que me démentira Jean-Michel, quelques heures plus tard.

Je vais donc à droite. A peine levé, le soleil éclaire de ses mille feux les champs qui dévoilent progressivement une terre rougeoyante et des falaises immaculées au loin. Superbes chemins à travers champs, vignes, oliviers... avec des nuages menaçants en fin de journée qui accentuent les contrastes. On se croirait au printemps. Les bruants fous chantent toujours, accompagnés de quelques alouettes lulus et fauvettes mélanocéphales, des oiseaux méridionaux rares ou absents dans le nord de l’Europe. De nombreux fringilles (oiseaux granivores) dans les chaumes, ils doivent y trouver bombance de graines.

Arrivée à Torres del Rio à 14h30. L’Albergue Casa Mari est tenue par une sympathique petite dame du village, loin de l’industriel accueil des autres auberges villageoises. Le petit village est “on ne peut plus calme”. Pour autant que les “chinches du camino” décident de faire étape ailleurs...

Une trentaine de pèlerins se retrouvent au bar puis au resto dans une ambiance bon enfant tous faisant des étapes intermédiaires pour éviter le flux de pèlerins et les chinches du chemin.

Le soir tombe, le vent se lève, suivi rapidement par un froid glacial qui s’abat sur le village…

Bon à savoir :
L’Albergue Casa Mari a Torres del Rio est tenue par une sympathique petite dame du village, loin de l’industriel accueil des autres auberges villageoises. Prix : 7€, petites chambres de 4-5 personnes, propres, et douches spacieuses…

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